Au fil de l'eau, au gré du vent  …

Interview des parents par les enfants

Puisqu’un certain nombre de nos lecteurs, nous l’ont demandé, voici l’interview exclusive des parents réalisée par les enfants.

Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

Simon : Muy bien, heureux du début du parcours et pressé de vivre la suite.

Charlotte : Ca va bien, très bien même. Je suis beaucoup plus détendue qu’au début de l’aventure. Je profite de chaque jour même si j’ai toujours l’impression que le temps passe trop vite. Je me sens bien sur le bateau. J’y ai pris mes marques. Malgré tout, je crois que je serai vraiment super contente de retrouver le confort de ma petite maison sur la terre ferme.

Qu’est-ce qui vous a le plus plu durant ces 3 mois ?

Simon : L’évolution de chacun à bord, l’adaptation de chacun et le plaisir qui en découle. En partant je ne pensais pas partager jusqu’au quart de nuit avec mes enfants, c’est génial!

Charlotte : La vie sans la contrainte « temps ». Evidemment, nous avons la contrainte météo mais c’est tout à fait différent. Il est très rare que nous disions « Dépêchez-vous les enfants ! » alors que c’était chose quotidienne dans notre « vie d’avant ». C’est un vrai plaisir de vivre les uns avec les autres. Et, pour rassurer quelques lectrices, je n’ai encore jamais eu envie de jeter quelqu’un par dessus bord que ce soit mes enfants ou mon mari. La promiscuité n’est pas un souci. Elle est même très agréable, hormis quand les enfants se hurlent dessus mais heureusement cela reste assez rare et nous trouvons des solutions pour les isoler et les calmer.

Quel est l’endroit qui vous a le plus plu?

Simon : J’ai vraiment beaucoup apprécié la Sardaigne, les iles Magdalena et la ville d’Alghero. Ce sont peut-être mes origines italiennes qui ressortent. Une chose est certaine c’est un terrain de jeu fantastique pour naviguer, une richesse culturelle, des paysages superbes et une langue merveilleusement belle à entendre.

Charlotte : J’ai adoré les mouillages de Corse, l’île de la Cabrera et les randonnées en forêt avec les enfants.

Qu’est-ce qui vous a le plus fait rigolé ?

Simon : La rencontre avec la princesse poubelle à Mahon, la tête d’Adam, la réaction des artistes et le comique de répétition puisque nous les avons retrouvés à plusieurs reprises dans l’après-midi. Le « Ola mi amigo » est depuis un appel aux sourires.

Charlotte : Sans hésiter, le gonflage du gilet de sauvetage de Nino. J’ai failli me faire pipi dessus. Rien que d’y penser, j’en ris encore. Le contexte était extraordinaire : passer d’une bonne grosse dispute entre enfants à une situation complètement loufoque. C’était hilarant !! Nino étouffait dans son gilet mais mon fou-rire m’empêchait de l’en délivrer. En fait, nous rions beaucoup sur le bateau.

Qu’est-ce qui vous a le moins plu  durant le voyage?

Simon : Les inquiétudes et le stress de Charlotte au début de l’aventure, elle n’était pas heureuse et cela me chagrinait, j’avais confiance malgré tout.

Charlotte : Les premiers temps sur le bateau où tout me paraissait source de stress. J’ai vraiment pensé un moment à faire demi-tour mais tous mes proches m’ont encouragé à tenir bon. Merci à eux ! Il y a aussi les moments d’angoisse pendant les navigations sous l’orage et la peur d’affronter du gros temps.

Qu’est-ce que vous préférez dans cette nouvelle vie ?

Simon : Être tous les cinq quasiment 24h/24, vivre et partager, avoir le temps d’échanger et puis la notion du lien avec la nature, les éléments, pouvoir avancer à 8 nœuds lors d’une navigation de nuit et tout d’un coup ne plus faire que du 3 nœuds, accepter les conditions.

Charlotte : Les moments de complicité avec les enfants lorsque l’on joue ensemble à des jeux (le Quems est un grand moment par exemple), lorsque l’on se parle de notre vision de la vie, de l’amitié, de l’amour, de l’éducation pendant des heures, lorsqu’on lit des livres tous ensemble, lorsqu’on se bidonne parce que l’un des 3 fait une grosse ânerie, lorsque je regarde Simon passer des heures à préparer nos navigations et parler 4 langues à l’électricien pour se faire comprendre (français, anglais, italien et langue des signes). Mais il y a aussi la découverte de nouveaux pays, parler avec des gens très différents, m’extasier devant des paysages somptueux. Et aussi me laver les cheveux sous une bonne douche chaude !

Qu’est-ce que vous n’aimez pas faire dans la vie quotidienne sur le bateau ?

Simon : Mon manque d’efficacité face à l’électricité ou à la mécanique, et de fait, perdre du temps de vie ensemble.

Charlotte : Régler les soucis divers, pannes ou autres, faire la vaisselle, ranger les 12 mètres carré pour ne pas vivre dans un capharnaüm, découvrir des sanitaires sales et ne pas avoir de Wifi dans un port à 90€ la nuit, appeler 15 fois les enfants pour qu’ils  viennent : se laver, faire l’école, faire la vaisselle, ranger leur chambre.

Qu’est-ce qui vous manque le plus ?

Simon : La famille et les copains évidemment et puis aussi courir, l’Equipe et du bon chocolat. … « Laisse tomber la neige ! » comme dit mon cher collègue.

Charlotte : la famille et les amis. On se rend compte que, par notre blog, nos proches connaissent notre vie bien plus que dans notre quotidien habituel tandis que nous, nous n’avons que très peu de nouvelles des uns et des autres. C’est très frustrant. C’est pour ça qu’il ne faut pas hésiter à nous écrire sur nos mails ou à envoyer des petits commentaires sur le blog. Ca nous procure beaucoup de joie à chaque fois.

Qu’est-ce qui est pour vous le plus difficile à vivre à bord ?

Simon : Je vais réfléchir et je donnerais la réponse la prochaine fois, je suis toujours aussi lent.

Charlotte : Pas les sanitaires en tout cas. Aucun problème, je m’y suis faite. D’ailleurs, petit erratum concernant l’article « De la poésie des sanitaires marins » car j’ai réussi à dompter le petit coin du Kusupa qui m’est à présent d’une grande utilité. Le plus difficile est sans doute les choix permanents à faire : choix du mouillage, choix du port, choix des visites, choix des jours de pause, choix de la météo. Chaque choix nous fait tirer une croix sur tout ce que nous ne ferons pas. Mais la vie est ainsi faite. Je me dis que ce sont autant d’endroits qui nous tendent les bras pour de futures excursions. J’ai aussi très très peur du gros temps qui nous attend peut-être dans les traversées à venir. Je ne parviens pas à m’habituer à la grosse houle. « J’ai les boules de la houle ! »

Avez-vous quelque chose d’autre à dire aux lecteurs ?

Simon : Viendez passer quelques temps à bord pour vivre ce merveilleux moment où on a quitté le port, que le vent est là et que l’on coupe le moteur.

Charlotte : C’est incroyable comme ces trois mois m’ont apporté en terme de navigation. Je ne me pensais pas capable de pouvoir mener un bateau comme je le fais aujourd’hui. Je me souviens de l’exercice d’homme à la mer que nous avait fait faire Gauthier pendant la semaine intensive d’apprentissage avant le départ avec les enfants. J’ai cru que j’allais pleurer tellement la pression et le stress étaient grands (j’ai d’ailleurs peut-être pleuré). Aujourd’hui, je m’amuse à empanner en solo en navigation de nuit. Quel changement ! La grande traversée approche, rassurez-vous, nous partons sereins. Soyez tranquilles !