Au fil de l'eau, au gré du vent  …

Fatigués mais …

Lundi 3 juillet 2017
St Denis d’Oléron – en mer

Après cette pause nuageuse mais reposante et agréable, il nous faut à nouveau quitter notre ponton pour poursuivre notre voyage. 11h du matin : nous attendons que la marée soit suffisamment haute pour pouvoir franchir la barre de seuil du port qui est de 2 mètres. On part heureux car nous savons que nous reviendrons ici dans quelques jours. Allez, on hisse les voiles et c’est parti, enfin, c’est presque parti. Au regard du peu de vent, notre vitesse est plutôt celle d’un escargot malade. Nous avions prévu de nous arrêter au mouillage devant le pont de l’île de Ré pour manger le midi, c’est raté.  Si nous voulons avancer suffisamment pour arriver demain matin à Pornichet à marée haute, il nous faut poursuivre notre chemin. Nous pique-niquons donc à bord puis c’est l’heure du grand moment de la journée : nous allons passer sous le pont de l’île de Ré. Incroyable, malgré notre année de navigation, c’est notre premier pont franchi avec Kusupa ! Tout le monde est dans le cockpit pour savourer ce moment. Petite pensée en passant à Gauthier, notre moniteur des Glénans, qui, il y a quelques semaines à peine, a validé sa participation à la mini transat 2017 en franchissant lui aussi ce pont. Une minute de silence … Ca y est, le pont est passé. Les plus grands sont fiers, les plus jeunes retournent à leurs coloriages ou à leur lecture.

Bon, il est maintenant temps de régler un petit problème de pilote automatique. En effet, depuis quelques jours, nous avons pu constater un écart très important entre le cap indiqué par le pilote et le cap réel fourni par le compas. Plus de 40° d’écart ! Simon commence à trifouiller dans les cales pour tenter de comprendre la panne mais rien n’y fait. Maintenant, le pilote ne tient même plus la barre et décroche systématiquement. Bon, aux grands maux les grands remèdes : une réinitialisation de Raymond (notre pilote auto) s’impose. Le moment est parfait, nous sommes au moteur, il y a très peu de vent et quasiment pas de houle. Nous nous retrouvons donc à faire des ronds dans l’eau pendant 10 bonnes minutes : c’est la procédure normale mais on se sent un peu idiots. Heureusement, les bateaux qui nous dépassent ne sont pas nombreux. On tourne, on attend, on tourne, on attend. Yes ! Ca marche ! Nous pouvons reprendre notre route tranquillement. Nous sommes soulagés car nous n’avions pas trop envie de barrer toute la nuit.

On relance à nouveau les voiles mais le vent est faible et face à nous. Nous voilà donc partis à « tirer des bords carrés » comme on dit. Nous avions initialement prévu de passer entre l’île d’Yeu et la presqu’île de Noirmoutier mais, au fil de l’eau, au gré du vent oblige, nous changeons de plans et décidons finalement de passer à l’Ouest de l’île d’Yeu pour profiter d’un angle de vent plus favorable à notre avancée.  La nuit commence à tomber et les enfants décident de participer aux quarts avec nous. Ce sera probablement leur dernière fois. La nuit se passe bien. Simon et moi profitons de ces instants de silence et d’obscurité où seules la lune et les étoiles nous accompagnent. Fatigués mais sereins.

 

Mardi 4 juillet 2017
En mer – Pornichet

Au petit matin, j’assiste à un merveilleux lever de soleil. Cette beauté quotidienne me manquera, c’est sûr…  Simon prend son quart à 6 heure et commence un long slalom entre les multiples cargos en attente devant l’embouchure de la Loire. Vers 10 heure, on aperçoit le port de Pornichet qui se dessine au milieu de la baie de La Baule. On s’amarre au port vers 11 heure. C’est une belle journée. Il fait chaud. Cet après-midi, c’est pause. On récupère de la navigation de nuit pendant que les enfants jouent. Après une bonne douche chaude, on retrouve Hélène vers 18h30. Leur maison de Saint Nazaire est super chouette avec tout plein de portes. Nos quatre hôtes sont en pleine forme. On se fait une petite soirée barbecue dans leur jardin en papotant de nos vie et de l’année qui vient de passer. Ce soir, on dort chez eux. On se couche bien tard mais, heureusement, on est mardi. Demain les enfants n’ont pas école. Pour Simon, c’est la première nuit à terre après près de 365 jours à dormir sur le bateau. Une grande nouveauté donc qu’il accueille avec plaisir. Fatigués mais confortablement installés.

Mercredi 5 juillet 2017
Pornichet

Aujourd’hui, nous nous réveillons tranquillement et, après un petit déjeuner tardif, nous partons visiter Saint Nazaire.  Hélène nous emmène à l’impressionnante base des sous-marins où se situe son lieu de travail, le Life, et nous fait visiter l’exposition en cours puis nous allons à la plage du centre. Les enfants trouvent encore l’énergie pour jouer en plein cagnard sur les jeux de la plage. Finalement, à 13 heure, on décide qu’il est temps de rentrer manger à la maison. Les enfants sont fatigués de leurs deux heures de marche sous le soleil et ont bien du mal à avancer.

Après le repas, Hélène emmène Mathilde et Etienne à des anniversaires avec des copains et nous raccompagne au bateau. On lui propose de venir manger avec nous ce soir sur le Kusupa pour se quitter sur une note nautique. Il est maintenant temps d’aller nous doucher. Sur le chemin des sanitaires, les enfants rencontrent un autre bateau, le Jitanou, un Sun Légende 41 avec, à son bord, une petite famille de 2 parents et 3 enfants qui se font appeler le Club des 5. Ni une ni deux, les enfants partent faire la rencontre de ces nouveaux venus. Le Club des 5 entame un périple de 3 ans durant lesquels ils aimeraient faire le tour du monde et éventuellement trouver un endroit où s’installer. Venant de Normadie, ils ont tout vendu et tout quitté pour ne plus vivre que de leurs économies sur leur bateau. Nous leur proposons de les retrouver après le repas avec Hélène.

Nous retrouvons la famille Barnay vers 19 h pour notre petite soirée sur l’eau. Nous leur faisons visiter le bateau. Mathilde et Etienne prennent vite leurs marques et commencent à crapahuter un peu partout sur le bateau au grand damne de leurs parents dont le niveau de stress est monté de plusieurs degrés en quelques minutes. Il est 21h30. Nous prenons congés après avoir bien profiter les uns des autres. Les enfants ont école demain et les parents travaillent encore. C’était vraiment génial de les revoir.

Après le départ de la famille Barnay, nous allons voir si l’équipage du Club des 5 est encore debout. Charlotte, Cyril, Bertille, Albert et Marin nous invitent à leur bord et nous entamons une deuxième partie de soirée jusque 1 heure du matin à discuter des projets des uns et des autres. Les enfants pêchent des crevettes dans le port avec Albert. Ils sont contents de nous rencontrer car nous sommes la première famille qu’ils croisent depuis leur départ du Havre en avril dernier.  Nous qui pensions décoller tôt demain matin, cela semble bien compromis mais c’est pas grave, on a un nouveau bateau-copain. On se couche sans même se brosser les dents, ouuuuhhh!!! Fatigués et sales !

 

Jeudi 6 juillet 2017
Pornichet – Le Palais (Belle Ile)

8h. On se bouge avec Simon pour essayer de partir dès que possible. On arrive à décoller du port vers 9h. Il y a une brume de dingue aujourd’hui. On a du mal à voir à plus de cent mètres. On part quand même en souhaitant que cette brume se lève. La météo ne l’avait pas annoncée. Nous sommes constamment à l’affut afin de parvenir à distinguer le moindre bateau qui n’aurait pas d’AIS et qui pourrait entrer en route de collision avec Kusupa. Les 30 miles à parcourir se passent lentement avec une visibilité quasi nulle car la brume ne nous quitte pas et Belle Ile ne se découvre que quelques minutes seulement avant notre arrivée. On décide d’aller nous amarrer dans l’avant port de la ville Du Palais pour pouvoir profiter au plus vite de l’île.

 

Nous nous amarrons vers 17h dans l’avant port à couple entre deux bouées. On remet notre annexe à l’eau et on part à la capitainerie. Après les formalités d’usage, nous allons nous balader dans la petite ville très mignonne et faisons notre tour habituel : office de tourisme, marchand de glaces, supérette du coin et sanitaires. On est rodés ! Je souhaitais que nous fassions le tour de l’ile à vélo le lendemain mais cette idée est compromise car nous apprenons que l’île est très vallonée. Cela ne sera pas possible avec les enfants. Pas grave, le réseau de bus est excellent. Nous prendrons donc demain un bus pour aller jusqu’à la pointe des Poulains et nous improviserons sur place.
Nous profitons du calme de la nuit, de la mer et du vent pour nous reposer profondément. En effet,  depuis plusieurs jours Simon et moi enchainons les soirées cinéma « films catastrophe » : Seul sur mars, Edge of tomorrow, Everest, San andréas … Pfff. On est crevés de devoir sauver notre peau tout le temps !!! Fatigués mais vivants. On a vraiment besoin de souffler ! Demain on regardera « Vous avez un message ».

 

 

Vendredi 7 juillet 2017
Le Palais (Belle Ile)

On part à 9h30 en bus avec nos sacs à dos et on se fait déposer à la pointe des Poulains. Le site est magnifique et nous sommes accueillis par un superbe soleil. On admire. On prend notre temps. On décide ensuite de longer la côte sur le chemin de randonnée très bien aménagé parsemé de roches à escalader, de point de vue bord de mer et des sentiers fleuris. Les enfants adorent ces balades et Samuel ne réclament pas une seule fois à monter sur les épaules de son papa. Il y a du progrès! Je marche à ses côtés et, pendant plus d’une heure, il me parle de ce qu’il fera plus tard : il sera producteur de films et bricoleur. Il construira sa maison tout seul près de la mer et il y aura un grand garage dedans car il aura plein de voiture dont des pick up, des jeep, des 4×4 et aussi un autre grand hangar pour construire son propre bateau avec lequel il fera la traversée de l’Atlantique même si sa copine elle n’est pas d’accord. Il habitera en Corse et il travaillera à Marie-Galante dans une mièlerie et il traversera l’océan tout les matins pour aller au boulot. Il m’a expliqué en détail le plan de son bateau et, ma foi, ça pourrait le faire avec quelques modifications insignifiantes concernant la coque, les varangues, le gréement et le mât. C’est un régal de l’écouter parler de sa « vie de plus tard ». Quelle joie ! Simon avance devant avec les deux grands qui échangent sans discontinuer sur toutes les subtilités de Harry Potter et des différences entre les livres et les films.

Après avoir pique-niquer sur le trajet, sous un rocher pour nous protéger du soleil, nous finissons la balade au mignon port de Sauzon où nous sacrifions à la traditionnelle « petite glace d’après-midi ». Nous reprenons le bus vers 15h30 pour rejoindre Le Palais. Petit passage par  la bibliothèque malheureusement fermée, dommage pour Nino. On en profite pour refaire un petit tour en ville et rentrer tranquillement au bateau. La journée a été longue. Nous nous couchons avec bonheur. Fatigués mais heureux.

 

 

 

Samedi 8 juillet 2017
Le Palais (Belle Ile) – Houat

On part vers 9h direction l’île de Houat que nous connaissons un peu car nous y sommes venus il y a environ 15 ans. Souvenirs, ça ne nous rajeunit pas. On passe au Nord de l’île et nous sommes ravis de découvrir un nombre incalculable de voiles dans la baie de Quiberon, superbe plan d’eau de navigation protégeé. On décide de prendre une bouée à l’extérieur du port pour pouvoir profiter de l’île en laissant notre annexe à la capitainerie. C’est plus pratique et plus rapide. Tandis que nous avalons rapidement notre déjeuner, nous assistons médusés à une course poursuite entre trois bateaux pour attraper la dernière bouée restante au mouillage. C’est finalement le dernier des trois qui, sans aucun respect pour les deux premiers, a foncé sur la bouée. Il s’avère que le bateau est occupé par quatre sexagénaires sans gêne qui ne se rendent même pas compte de leur manque de politesse. C’est lamentable ! Nous qui pensions que l’univers de la voile était un univers d’entraide et de partage, nous constatons qu’en période de disette de bouée, ce n’est pas toujours le cas.

On décolle en début d’après-midi pour aller  faire un petit tour de l’île à vélo au grand désespoir de Nino qui est toujours très crispé sur les descentes et les chemins en graviers. Adam, lui, est heureux comme un pape car il adore pédaler et Samuel profite de la balade assis confortablement derrière son papa. Nous faisons le tour de l’île en deux heures. C’est vraiment très joli et nous prenons le temps d’admirer  et d’apprécier le côté sauvage très préservé de ce petit bout de terre. Au retour, alors qu’il est l’heure de payer les vélos, nous nous rendons compte que nous n’avons  pas de liquide sur nous. Le loueur ne prend pas la carte bleue et il n’y a pas de tirette sur l’île. Ouille! On est mal. Heureusement, j’ai mon carnet de chèque.

Après cette petite promenade sportive, nous allons nous baigner sur la grande plage sud. L’eau est froide (environ 18°) et il est difficile d’y entrer mais une fois dedans on y est bien. On se sent revigorés. Simon ne met même pas le petit orteil dans l’eau. Après 5 mois aux Caraïbes, Monsieur fait le difficile ! Pas de chance car en rentrant au bateau, il est obligé de faire un petit plouf pour relancer le speedo qui refait des siennes. Probablement une algue ou des petits coquillages qui s’y sont collés. Alors, pas trop froide Simon ? Si !

Ce soir, il n’y a plus personne sur les bouées. En fait, les promeneurs restent uniquement à la journée pour aller visiter l’île puis repartent chez eux, comme les navettes de tourisme. Quel dommage! En reprenant la météo, Simon se rend compte que nous devons changer un peu notre programme car nous ne pouvons faire autrement que de nous adapter aux marées et à la météo. Nous décidons donc d’arriver un jour plus tôt à Vannes. On part se coucher rapidement. Fatigués mais musclés.

 

  


 Dimanche 9 juillet 2017
Houat – Vannes

Départ de la bouée vers 10h pour arriver à 14h devant l’entrée du Golfe du Morbihan avec la marée. La navigation se fait tranquillement sous voile avec notre speedo qui ne fonctionne toujours pas. Simon qui est maintenant un vrai champion de la réparation, décide de bidouiller l’engin en mer. Même pas peur ! Il s’agit quand même de retirer notre appareil inséré sous le bateau en révélant un trou dans la coque et donc en laissant entrer un peu d’eau dans les cales. Il faut ensuite pomper, nettoyer le speedo et refaire la manipulation en sens inverse. La première fois c’est impressionnant car « DE L’EAU DANS LE BATEAU !!!! AU SECOURS, ON VA COULER!!!!! » mais maintenant, c’est les doigts dans le nez. Et tandis que je zigzague entre les bateaux de pêcheurs et les casiers, Simon fait son petit bricolage et quelques minutes plus tard, le speedo est à nouveau opérationnel. Balèze Blaise!

L’entrée dans le golfe est délicate. On enroule le génois et nous naviguons à la GV en suivant les courants entre les îles, le nez plongé dans le GPS, histoire de ne pas se planter. C’est un bassin de navigation très sympa à partir du moment où ton tirant d’eau (la hauteur de ta quille) est très faible. Avec Kusupa et nos deux mètres de tirant d’eau, ce n’est pas si évident. Nous avançons à plus de 5 nœuds malgré nos voiles réduites. On finit par affaler complètement car l’arrivée est proche. Nous longeons les bords de la presqu’île de Conleau pensant pouvoir y mouiller. Mais surprise, toutes les bouées sont prises et celles qui paraissent disponibles appartiennent probablement à des pêcheurs. Impossible non plus de jeter l’ancre car il n’y a pas assez de profondeur à marée basse ou de place pour notre cercle d’évitement. On n’a plus trop le choix, il nous faut entrer au port de Vannes. Nous nous apporchons donc doucement du pont tournant encore fermé pour le moment. Nous arrivons à 16h30 et nous amarrons à couple avec un petit deux mètres de fond et devons attendre 17h30 l’ouverture du pont. Rapidement, on se retrouve à 2 rangées de trois bateaux à couple sur le ponton d’attente et les voiliers commencent, derrière nous, à créer une longue file d’attente.

17h30, ouverture du pont tournant et c’est un peu le délire comme à Disney. Les gens veulent passer avant les autres et les codes de courtoisie sont fort égratignés. Nous parvenons à nous faufiler dans la queue non sans mal, notre moteur ayant fait des siennes, et c’est alors un long cortège de coques et de mâts qui avancent en rang d’oignon pour entrer dans le port. Le long du chenal, nous sommes accueillis par Fred, Flo et fabio qui sont à vélo et nous accompagnent jusqu’à notre amarrage à couple juste en face de la capitainerie. Une fois amarrés, c’est l’heure de l’apéro au petit bar à proximité du port. Puis nous suivons la petite famille pour un dîner dans leur mignon petit appartement en plein centre ville. Les garçons jouent bien avec Fabio et sa wii. Nous rentrons au bateau vers 1 heure du matin. Fatigués mais ravis.

  

 

Lundi 10 juillet 2017
Vannes

On part faire quelques courses pour un avitaillement rapide avant d’être rejoints par la famille Hérgault, Cédric et ses deux filles, Flore et Léonie. Ils nous emmènent dans un excellent petit restaurant au bord du port puis chez eux pour la pause café. Ils habitent dans une charmante  maison à quelques minutes du centre ville de Vannes. Une maison dont nous avons beaucoup entendu parler car, attention mesdames et messieurs, Cédric Hergault a réussi, avec l’aide de son ami Nono, à rehausser son toit à mains nues (ou presque) de plusieurs dizaines de centimètres grappillant ainsi plusieurs dizaines de mètres carrés destinés au bonheur de sa petite famille. C’est magnifique! Chapeau l’artiste! Cet après-midi, c’est retour en ville pour une visite guidée de Vannes par Flore et Cédric qui se passent à tour de rôle la parole pour nous expliquer l’un l’histoire de la ville, l’autre la symbolique de l’hermine, etc… Nous découvrons Vannes comme une ville ravissante et agréable à vivre. On s’y verrait bien…

Aurélie nous rejoint le soir pour un apéro suivi d’un petit barbecue et c’est le début de longues discussions sur leur vie et la nôtre, le boulot, les projets, les enfants, …  La soirée se termine en chansons avec les tubes des NAS puis Flore solo en guest star accompagnée par son Papa-Cédric-Tom-Léo. Trop chouette !

Simon et moi sommes vraiment heureux car nous constatons que nos garçons parviennent maintenant à s’adapter à toutes les situations et à créer des connexions avec tous les enfants qu’ils croisent quelque soit leur âge, leur passion, leur sexe, leur origine. Nous aimons à penser que cela est le fruit de cette année spéciale et nous en sommes fiers.

Nous avions prévu de rester dormir chez les Hergault cette nuit mais, malheureusement, nos voisins de bateau souhaitent partir tôt demain matin. Nous prenons donc congé de nos hôtes vers 1 heure du matin et rentrons dormir sur Kusupa . Fatigués, mais joyeux.

Mardi 11 juillet 2017
Vannes – Ile d’Yeu

Réveil matinal la tête dans le  … coltard.  C’est reparti pour la route en sens inverse : canal de Vannes, pont tournant, golfe du Morbihan. On se farcit une bonne heure de moteur car le vent est contre nous. Aujourd’hui le ciel est gris, les bourrasques sont froides, les nuages bas, la journée s’annonce bien maussade. Une fois sortis du golfe, allez hop, on hisse les voiles. Le vent est bien établi et Kusupa file alors à vive allure entre 7 et 8 nœuds. Pas mal! Au regard de la météo et de notre avancée rapide, nous décidons de faire l’impasse sur l’île Hoedic que nous n’aurions pas eu le temps de visiter vraiment et de filer tout droit à l’île d’Yeu.

Rapidement, la navigation devient pénible : nous avançons au près avec un vent fort et constant, une houle qui se creuse, un gite permanent et ça se sent sur les corps de chacun. Les enfants, comme moi, ont du mal à encaisser l’allure et nous nous retrouvons les uns après les autres allongés lamentablement dans le cockpit essayant de gérer notre mal de mer. Seul Simon échappe à l’hécatombe et se régale à prendre la barre, à régler les voiles, à sentir le bateau filer, imperturbable dans sa course. Le speedo refonctionne parfaitement mais c’est maintenant l’anénmomètre qui fait des siennes. Impossible de savoir à quelle vitesse souffle le vent. On suppose des pointes à 25 nœuds minimum car le bateau avance vite. Nous parcourons les 70 milles qui nous séparaient de l’île d’Yeu en 11 heures au lieu des 14 heures prévues.

A l’approche de l’île, nous apercevons un magnifique bateau mouillé au large. Il s’agit du fameux Belem. Le Belem, construit en 1896, est le dernier trois mâts français à coque acier, un des plus anciens trois mâts en Europe en état de navigation et le second plus grand voilier restant en France. Nous nous amarrons à  20h30 à l’île d’Yeu à couple sur le ponton accueil. Nous apprenons rapidement que nos voisins ne sont autres que des … amiénois dont le bateau reste à l’année au port de La Rochelle. Surprise lorsque j’apprends également que le skipper et moi avons des connaissances communes. Le monde est petit, dit-on… pas faux.

A peine le pied posé sur le ponton, nous retrouvons le bateau Jitanou et le Club des 5. Ils sont en plein apéro avec d’autres familles qui font aussi le tour de l’Atlantique l’année prochaine. Ils échangent donc à tord et à travers sur la préparation du bateau, l’école à bord, les difficultés rencontrées, le parcours prévisionnel, leurs angoisses, leurs souhaits. Nous sourions… C’est nous, il y a un an… Ils nous proposent gentiment de les rejoindre pour trinquer ensemble mais nous déclinons l’invitation car nous avons vraiment besoin de nous remettre de notre navigation épuisante. Mais on se donne évidemment rendez-vous le lendemain sans faute. Pas moyen qu’on rate un autre apéro. Fatigués mais contents.

 

 

Mercredi 12 juillet 2017
Ile d’Yeu

Ce matin, c’est lessive et papotage sur le ponton avec les autres familles. Le Club des cinq nous propose gentiment de nous prêter leurs vélos de location pour que nous puissions aller visiter l’île cet après-midi. Ok, on prend ! La journée est grise, les nuages nombreux et une petite bruine commence à tomber mais rien ne nous arrête. Nous enfourchons nos montures et notre caravane roulante se met en marche. Nous avons un tandem sur lequel sont installés Simon, Samuel et Nino (ravi de pouvoir se laisser conduire par son papa et ne pas avoir la responsabilité d’une journée supplémentaire de cyclisme) et deux vélos normaux, l’un pour Adam et l’autre pour moi. Charlotte, du Club des 5, nous suggère un petit circuit qu’elle aime beaucoup sur l’île. Nos premiers kilomètres de pédalage nous emmènent donc jusqu’à l’adorable petit port de La Meule où nous nous laissons tenter par des petites boules de glace et des gaufres-sucettes (car c’est l’heure du goûter, normal). Nous pédalons ensuite jusqu’à la pointe des Corbeaux puis retour par le sentier côtier. L’île est vraiment ravissante : petits villages typiques, côtes sauvages, plages immenses, forêts aux senteurs diverses.  On se voit bien y revenir pour passer quelques jours de vacances. Quelle jolie balade! La météo s’est maintenue et nous n’avons pas été mouillés.

Ce soir, comme prévu, c’est apéro sur Jitanou. Une autre famille a été invitée à bord avec leurs trois enfants. Ils ont fait le tour de l’Atlantique en couple il y a 15 ans. Nous passons du temps à parler de leur expérience et de leurs ressentis. Les 9 enfants, de leur côté, s’amusent comme des fous à faire des tours d’annexe à la rame à proximité du bateau. Après quelques frayeurs parentales, l’appel des croque-monsieur fait revenir tout le monde à bord. Aucune perte à déplorer parmi les jeunes. Ouf! Ils jouent ensemble dans le bateau sans cris, sans pleurs, sans chamailleries. Bravo à eux tous !

La soirée est très agréable. J’échange beaucoup avec Claire, l’autre maman, sur son retour à la vie après leur aventure, sa relation à ses enfants et ses difficultés avec son grand garçon de 13 ans. L’adolescence est difficile pour lui et il me semble qu’il m’est important d’entendre son témoignage, moi qui ne vais pas tarder à avoir un ado à la maison (déjà !! Ouin! Où est passé mon bébé??) On se couche vers 23h, fatigués mais plein d’amitié.