Au fil de l'eau, au gré du vent  …

Entre solitude et culture de masse

Vendredi 7 octobre

Ciutadella (Minorque / Baléares / Espagne) / Cala Molto (Majorque / Baléares / Espagne)

Nous quittons notre confortable place de port à Ciutadella vers 9h45. La navigation entre Minorque et Majorque se fait malheureusement au moteur, le vent ne daignant pas se lever aujourd’hui. Peu importe, Jef se met quelques temps à la barre et retrouve le plaisir de la voile même s’il lui faut un temps d’adaptation pour passer de ses anciens réflexes de la barre franche à ceux de la barre à roue. La traversée entre les deux îles est très rapide et nous apercevons bientôt les rives de Majorque. Celles-ci ressemblent beaucoup à celles de Minorque : de hauts rochers à flanc de mer et de nombreuses cavités toutes plus mystérieuses les unes que les autres. Les enfants rêvent de pouvoir y entrer mais malheureusement notre mât nous empêche de nous en approcher trop près.

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Nous arrivons à la Cala Molto à 15h30 : petit mouillage fort sympathique où les poissons nous souhaitent la bienvenue. La température de l’eau est toujours aussi agréable mais l’air s’est un peu refroidi et le vent nous donne parfois la chair de poule. Jef est heureux de pouvoir se baigner et de profiter des enfants. Nous sommes assez fiers de la réussit de cette superbe photo automatique (ci-dessous) dans l’eau grâce à la nage supersonique de notre Simon.

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Samedi 8 octobre

Cala Molto / Porto Colom (Majorque / Baléares / Espagne)

La nuit a été très calme et nous avons dormi sur nos deux oreilles. Nous partons de bonne heure pour une navigation qui, cette fois, se fera entièrement à la voile. Nous profitons du beau temps pour nous arrêter afin de manger dans la petite crique de la Cala Barcas. Le cadre est magnifique ! Les parois rocheuses servent de lieu d’amusement à une bande de copains alpinistes qui escaladent les roches à mains nues avec l’agilité de singes. La paroi fait plus de 10 mètres de hauteur et la moindre erreur signifie une magnifique chute dans l’eau turquoise. Un peu dangereux mais probablement un beau défi à relever pour ces grands sportifs. Nous profitons de cet arrêt pour aller nous baigner et nager jusqu’à la jolie plage un peu encombrée par ce samedi après-midi.

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Nous repartons à regret mais nous savons que cette Cala ne serait pas suffisamment protégée du vent et de la houle pour que la nuit soit tranquille. Nous avons décidé de nous cacher dans un mouillage près d’un port pour passer une nuit calme. C’est ainsi que nous arrivons à Porto Colom. Grosse déception. La ville n’est pas jolie et il n’y a pas de centre ville. Nous errons quelques dizaines de minutes dans des rues grises et désertes avant de décider de manger dans un des restaurants du port puis de rentrer au bateau. Petit tour en annexe de nuit qui nous rappelle le premier soir de notre aventure avec les enfants.

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Dimanche 9 octobre

Porto Colom / Porto Pétro (Majorque / Baléares / Espagne)

Aujourd’hui c’est dimanche ! Nous décidons d’alléger la séance scolaire habituelle en la remplaçant par une heure et demi de musique. Depuis que nous avons vu le film les Choristes, les enfants veulent absolument apprendre la chanson « Vois sur ton chemin ». Je prends donc ma guitare et c’est parti pour la séance chorale. Mes petits élèves sont bien appliqués et apprennent très vite et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’ils entonnent le tube à tue-tête et en boucle avec leurs douces voix suraigües  dès que l’apprentissage est terminé.

Nous arrivons au mouillage de Porto Pétro. Nous y prenons une bouée pour la nuit, bouée payante malgré ma tentative de corruption du personnel de la capitainerie en dégainant mon plus beau sourire accompagné de l’air ignorant et de la phrase fatale : « Ah bon ? C’est payant ? Mais mon mari a lu que les bouées étaient gratuites pour une nuit ?? Vous êtes sûr ? ». Ce à quoi le gentil membre du port me répond en souriant lui aussi « Free ? Nothing is free in Majorca ! ».  ET je peux lire dans ses pensées à cet instant : « Quelle truffe celle-là! ». Tant pis. Qui ne tente rien, n’a rien! Je ne manquerai pas de retenter l’expérience lors d’une de nos prochaines escales. Le petit village est très sympathique. Ca nous fait du bien après Porto Colom. Il n’y a pas grand chose à voir mais il y a le plus important : un marchand de glaces avec de la wifi ! Nous rentrons au bateau pour la petite douche de fin de journée. Malheureusement, le mouillage est rouleur et je décide de faire chambre à part en plein milieu de la nuit en allant m’installer dans le carré afin de ne plus entendre les bruits de notre cabine.

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Lundi 10 octobre

Porto Pétro / Ile de la Cabréra (Majorque / Baléares / Espagne)

La nuit a été courte. Nous quittons ce mouillage vers 10h et filons direction l’Ile de la Cabrera. La mer est encore bien agitée avec de belles vagues bien formées et le vent est aux alentours de 15 noeuds. Le temps idéal pour hisser rapidement les voiles. Malheureusement, nos batteries se déchargent assez vite et le ciel étant très nuageux ces derniers jours, nos panneaux solaires habituellement très efficaces ne peuvent remplir correctement leur fonction. C’est à ce moment-là que notre éolienne nous manque. Nous ne sommes pas du tout autonomes en énergie et cela risque d’être vraiment problématique pour les traversées assez longues où tous les instruments de bord doivent être allumés de nuit comme de jour. Nous faisons donc deux heures de moteur en espérant que cela remontera suffisamment le niveau de nos batteries.

Nous finissons par mettre les voiles à midi et filons à 6 nœuds vers l’entrée du port de l’île de la Cabréra dans lequel nous entrons 2 heures plus tard. L’endroit est merveilleux. D’une tranquillité extraordinaire, cette île complètement sauvage et préservée de toute construction touristique est un havre de paix. Elle fait partie d’une réserve naturelle. La faune et la flore sont donc très protégées. Par conséquent, nous n’avons pas le droit de mouiller avec nos ancres mais des bouées sont à réserver par internet quelques jours auparavant. Seul une cinquantaine de voiliers peuvent venir y passer la nuit.

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Nous en profitons pour aller visiter le site après notre habituel petit plouf. Adam se fait d’ailleurs à nouveau probablement attaquer par une méduse mais il ne se plaint pas. Peut-être que sa première piqûre l’a immunisé. Qui sait ?? Les restes d’un château trônent au sommet d’une colline. Nous suivons le seul sentier accessible menant à la plage. Je regarde mes enfants jouer dans le sable. Je prends à cet instant pleinement conscience de la chance que l’on a. Quelle incroyable expérience nous sommes en train de vivre! Nous sommes complètement AVEC nos enfants et nous les voyons grandir chaque jour n’en perdant pas une miette. Nous profitons chaque jour des câlins du matin dans le lit, des jeux imaginaires, des regards complices, des coups de gueules, des coups de mou, des culs nus sur la plage, des discussions sur les playmobils, le père-noël ou la seconde guerre mondiale, des regards émerveillés… Rien que du bonheur !

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Mardi 11 octobre

Ile de la Cabréra / Porto El Arenal (Majorque / Baléares / Espagne)

Nous quittons à regret ce magnifique mouillage exceptionnel par sa tranquillité et sa beauté. Le vent est changeant aujourd’hui. Nous démarrons avec les voiles puis sommes obligés de mettre le moteur pile au moment du repas puis remettons les voiles.

Un grain s’annonce à l’approche de notre port. Nous tentons de l’éviter en tirant des bords mais les nuages sont bien plus rapides que nous et nous n’évitons pas la pluie. C’est la première fois depuis notre départ que nous faisons connaissance avec le grain, heureusement sans orage donc sans éclair donc sans risque électrique. Le vent baisse puis tourne puis augmente d’un coup. Nous voilà donc sous la pluie avec un vent allant jusque 21 nœuds alors que quelques minutes plus tôt nous naviguions paisiblement avec GV et génois par vent de 10 à 12 nœuds. Nous décidons d’enrouler le génois car nous approchons des côtes.

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Nous arrivons à la Marina del Arénal vers 17h, bien plus tard que prévu car nous avons du tirer des bords toute l’après-midi allongeant ainsi considérablement notre trajet. C’est le décalage complet avec l’île de la Cabréra. Ici tout est fait dans une approche touristique. Toute la baie est recouverte d’immeubles tous plus grand et plus laids les uns que les autres. Une fois le pied à terre, nous découvrons une ville sans charme avec une énorme plage et des boutiques tout le long de la route côtière. Nous cherchons tout de même l’office de tourisme mais nous y arrivons avec 45 minutes de retard. Elle ferme à 18h.

La soirée sera simple et conviviale autour de tortillas improvisées sur le bateau et d’un film pour les enfants.

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Mercredi 12 octobre

Porto El Arenal (Majorque / Baléares / Espagne)

Simon décide de s’attaquer avec Jef à la réinstallation de l’éolienne qui nous sera d’une grande utilité lors des traversées prochaines. Malheureusement, comme nous le savons tous, un petit boulot qui ne doit prendre qu’une heure se transforme la plupart du temps en une laborieuse charge de travail nécessitant bien plus de temps. En effet, l’éolienne n’échappe pas à la règle. Tandis que nous devions récupérer une voiture à 11h pour une grande journée de découverte de l’île, nous ne partons finalement qu’à 13h30 après avoir avalé les sandwichs dans le bateau.

Peu importe, nous aurons quand même le temps de découvrir l’intérieur de Majorque.

Nous nous dirigeons en premier lieu à Palma, la plus grosse ville des Baléares. Effectivement la ville est très vaste et la banlieue est digne de la Métropole avec toutes les grands chaînes de magasins tels Décathlon ou Ikea. Notre objectif est le cœur de la ville et surtout la Cathédrale dont nous entendons parler dans tous les documents touristiques sur Majorque. Après une petite balade dans le centre ville très charmant, nous souhaitons entrer dans la cathédrale. Impossible, elle est fermée cet après-midi car aujourd’hui est jour de fête nationale. Tant pis, nous nous consolons en regardant les photos et les cartes postales dans les boutiques avoisinantes. Bon, pas de regret. C’est une cathédrale surchargée d’or et de décorations qui ne nous plaisent pas beaucoup. Nous poursuivons donc notre route vers la principale chaîne montagneuse de l’île : la Serra de Tramuntana.

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Le paysage est somptueux, loin de toute agitation. Nous traversons les villages de Valdemossa et Deia sans nous arrêter car Samuel est en pleine sieste à l’arrière de la voiture. Nous faisons un arrêt à Soller, village typique mais sans charme particulier, puis à Fornalutx, tout petit village construit à flanc de montagne et d’une exceptionnelle beauté. Coup de coeur pour tout le monde. Il est déjà tard. Jef nous invite pour sa dernière soirée à manger sur place pour une soirée Tapas. On se régale puis on rentre.

Finalement, Majorque est une  île très variée tant dans ses paysages que dans ses façons de vivre. Le contraste est très fort entre le tourisme de masse de Palma et des plages environnantes et l’authenticité et la rusticité des villages de montagne. On y sent l’histoire des habitants à travers les murs et les minuscules ruelles. On ne vous cachera pas que c’est là que nous nous sentons vraiment le mieux!

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Jeudi 13 octobre

Porto El Arenal (Majorque / Baléares / Espagne)

Départ de Jef à 5h du matin.

Au réveil, nous ne sommes plus que 5 à bord. Il fait gris, il y a du vent. C’est l’heure du petit coup de blues. Nous avions décidé de quitter le port aujourd’hui pour aller dans un mouillage à proximité et réduire ainsi la distance entre Majorque et Ibiza. Malheureusement, de forts vents sont attendus aujourd’hui. Nous décidons donc d’attendre une journée de plus dans cette marina hors de prix et sans charme avant de descendre vers Ibiza. Ce sera une journée bateau : Simon réinstalle finalement l’éolienne avec nos voisins allemands. Samuel nous fait cette remarque après nous avoir entendu dire que ces Allemands étaient fort gentils « Alors ce ne sont plus nos ennemis de la guerre ! » On lui explique en deux mots que la guerre c’était il y a bien longtemps et que les choses sont différentes depuis plus d’un demi siècle mais cela lui échappe probablement. Ce qui ne lui a pas échappé pourtant, ce sont les leçons d’histoire de Nino. Epatant ! On en profite pour faire la lessive, pour réparer les coutures abimées du bimini, pour aller prendre une leçon de natation à la piscine du port et pour s’atteler à tout un tas de petits travaux d’entretien. C’est une journée bien maussade qui se termine par une averse diluvienne en fin de soirée. On va se coucher avec bonheur espérant que la chaleur de la couette aura le dessus.

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4 reflexions sur “Entre solitude et culture de masse

  1. Gaultier Enguehard

    Vraiment superbe votre début de voyage! Je vous envie tellement!!! profitez à fond et faites bien à vous!!!
    bisous brestois